# Sleeping Beauty #

La lumière du jour perçait entre des rideaux de velours rouges, produisant dans la pièce une lumière tamisée quasi irréelle . La pièce ? Grande, carrelée de noir et de blanc, remplie de meubles anciens avec au centre un grand coffre de bois d'ébène sculpté . Un coffre , non, un cerceuil pour être plus précis ...
Il s'ouvrirait bientôt pour laisser sortir une femme à la longue chevelure châtain clair, et aux yeux bleu-verts . L'air la plupart du temps pensif, une poupée sans vie, un automate répétant toujours les mêmes gestes , parfois comme possédée par la vie . En réalité il lui arrive d'être possédée tout court .

Mais pour l'instant elle dort, l'air paisible, ses jolies lèvres fines légèrement entrouverte . Sa poitrine ne se soulève pas, elle n'a plus besoin de respirer depuis longtemps . Pas de rêve non plus, son esprit l'a abandonnée et ne reviens qu'occasionellement lui rendre visite, par courtoisie sans doute.
Le jour se couche à présent, elle pourra bientôt sortir . Louis se lève du grand fauteuil dans lequel il s'est assis depuis quelques minutes, en attendant paisiblement le bon moment .
Il est grand , fin et élancé, toujours élégant, et d'une incroyable classe . Ses longs cheveux blonds lisses flottant derrière lui , il s'approche du cerceuil et l'ouvre avec délicatesse , découvrant la vampire, qui repose dans du velour lui aussi rouge , foncé, ainsi que du satin noir . Il l'admire un instant, le sourire aux lèvres .

- C'est réellement regrettable que tu ne puisses pas vagabonder avec moi le jour Diva ...

Louis essaye désespéremment de la convaincre de les rejoindre, vainement . Elle ouvre les yeux et son sourire s'élargi, prenant la main qu'elle lui tend afin de l'aider à se relever, plus par conventions que réelle nécessité .

- Bonjour Louis .
- Bonjour Diva . Bien dormi ?
- Oui merci . Pourquoi viens-tu me réveiller ?

Le vampire sourit , il aura peut-être une surprise bientôt pour elle, en attendant il était simplement passé la voir par manque, tout bêtement . Après un échange de politesses de circonstance, il la couvre de baisers , soi-disant amicaux, et son rire de petite fille rempli la pièce comme la lumière un peu plus tôt . Il est bientôt tant de partir pour Louis , qui quitte avec peine sa charmante compagne .

La voici à présent seule dans l'immense demeure que lui paye son protecteur, bien qu'elle ne manque elle-même pas de fortune . Comment va-t-elle occuper sa nuit ? Haha , quelle question . Elle va tuer .

Peut-être fera-t-elle d'agréables rencontres , qui sait ? En espérant ne pas être assaillie par un esprit trop vindicatif ...
Ainsi se dirige-t-elle vers le grand escalier menant à la porte donnant sur la rue . Ici elles sont toujours calmes, vides , et si une âme quelquonque a le malheur de s'y trouver cette nuit elle affrontera la vampire, cela ne fait aucun doute .

C'est en fredonnant que Diva enfile sa cape, descendant les marches puis qu'elle commence sa déambulation ...

[ / intro ]
[ direction une ruelle o_ô ]

Brusquement le brave mercenaire est relevé et maintenu sur pieds, une position qui depuis quelques instants lui est devenue fort peu supportable du fait d'un tibia fragmenté. Morgan le soulève jusqu'à son visage et observe un instant sa proie qui semble horrifiée. Une pauvre victime qui se dit à elle-même que sa première impression était la bonne, le prix offert pour cette armure rouge pleine de pointes d'acier qui frappait si durement avec sa voix rauque perçant à travers une sorte de grille cachant le bas de son visage mais pas le haut. Et a vrais dire le plus horrifiant n'était sans doute pas ces allures de monstre métallique mais son regard de braises qui vous brûlait de la tête au pied jusque dans l'âme. Maintenant il en était sûr, cet homme était le diable...

"Rah... Tu ne valais vraiment pas la peine de perdre autant de temps. Mais ne t'inquiète pas, de tous tu es le plus chanceux de la bande pour l'instant. Tes deux prédécesseurs qui me suivaient à distance ont fini pendus par les tripes dans les toilettes d'un de ces taudis abandonnés. A vrais dire à l'heure qu'il est tes amis les ont sûrement découverts se demandant pourquoi tu n'étais pas sur place comme tu l'avais gentiment indiqué sur une lettre que j'ai rédigé à ta place avant même que tu me rencontre. Si ce n'est pas amu..."

Soudain les yeux calcinant se tournent dans un reflet dément vers une ombre se profilant silencieusement au coin de la ruelle. Dansante de ses pas, une femme qui porte l'odeur de la soif de sang.

Morgan maintient sa victime en l'air et fait deux pas vers le peu de lumière provenant des rues. Des reflets ardents viennent se répercuter sur sa cuirasse rougeoyante aux formes explicites... Une telle masse lancée dans une mêlée n'a pas franchement besoin d'armes avec une telle armure.

Le chevalier rouge penche un peu la tête sur le côté et observe la jeune femme avec attention avant de lâcher le chasseur de prime.

"Va voir madame elle s'occupera de toi. Elle doit avoir des goûts douteux mais après tout. Et si tu ne tiens pas à ce que mes doigts te déchiquètent lentement tient toi droit et soit respectueux."

Le pauvre chasseur de prime s'exécute péniblement, ne se déplaçant que sur une seule jambe, à demi courbé par la douleur, vers la jeune femme qu'il prend sûrement pour le messie à l'heure actuelle. Des larmes coulent sur ces joues rouges des coups portés, il n'est sûrement pas mauvais bougre, en fait c'est un jeune homme plutôt sympathique de tête, avec des mèches blondes épargnées du sang coagulé. Il est fort possible que plus qu'un tueur il soit surtout engagé pour traquer les proies de sa guilde.

Morgan laisse la jeune femme à son affaire et s'adosse au mur, retirant prestement le haut de sa cuirasse dissimulant le bas de son visage qu'il découvre beau bien que dur et froid. Il dégaine une petite boîte d'allumettes et en gratte une sur son armure avant d'allumer une clope qu'il a précédemment prit d'un paquet se trouvant dans le veston du malheureux torturé.

"Il est des lieux moins risqués pour une dents longues. Il y a bien longtemps maintenant que les seigneurs de votre aimable espèce ont disparus des environs. S'ils avaient empêché que notre peuple soit exterminé nous les aurions protégés, nous leurs guerriers, les fiers romas. Combien de cavaliers ont dévasté les plaines aux côtés de Vlad l'Empaleur. Piétinant les cadavres toujours plus nombreux des turcs et célébrant le rite du sang avec le seul homme qui savait les mener au combat dans son harnois sanglant. Lui n'aurait jamais trahit ses frères d'armes. Voyez cette armure que je porte date de cette époque, vestige de ma famille. Mon héritage sanguinaire marqué du sceau de fidélité dédié au Compte. Alors, pompe à... Hum pardon. Jeune demoiselle aux lèvres écarlates. Qu'est-ce qui t'amène dans cette région pleine de souvenirs tristes et de danger ? Il pleut des larmes d'acide sur cette terre et particulièrement pour les membres de ton espèce maudite. Dégénérés du buveur de sang originel, dépendants de l'émoglobine qui coule avec châleur dans votre gorge lorsque vous prenez vivant un huamin. Est-ce la soif de sang qui vous pousse malgré vous telle une goule, au point qu'un soir aussi sinistre vous osiez approcher la mort d'aussi près que, trois mètres."

Distance de Diva à laquelle se trouve Morgan actuellement. Il souffle un long panache de fumé et croise les bras sur son buste en fixant les étoiles. Sa gorge basanée bien en vue, laissant entrevoir par sa maigreur les veines chariant le sang vif et sucré des bohémiens.

Le géant de métal semblait en avoir presque terminé avec l'homme , dont les battements de coeur s'accéléraient à présent nettement . Sans doute voyait-il déjà la mort prochaine que semblait lui promettre l'autre ... Mais finalement, le bourreau tourna la tête vers elle et s'avança . Il avait des yeux magnifiques, dans lesquels Diva plongeait les siens avec avidité . Qu'est-ce qu'elles devaient effrayer ses iris rouges écarlates .... Mais pas Diva . Inconscience ... folie, certes, mais après tout, elle ne s'était encore jamais faite tuée , en fréquentant des créatures de ce type pourtant ... alors pourquoi pas .

Il poussa sa victime vers elle, manifestement, l'homme ne se doutait de rien ... Il était plutôt beau , si on oubliait le sang coagulé sur son visage , encore que pour Diva cela ai un certain charme . Elle ouvrit lentement les bras, dans lesquels le jeune homme vint se fourrer, permettant à sa jambe fracturée de ne plus souffrir , et a son corps blessé de se reposer . Il dût se dire que la femme avait étrangement beaucoup de force , mais comprit-il immédiatement ?

- Bientôt vous ne souffrirez plus , n'ayez crainte .

Elle amena la tête du jeune homme contre sa poitrine, caressant ses cheveux blonds salit par le sang d'une main maternelle. Le regard continuellement absent, Diva l'écarta légèrement, relevant son menton d'un geste lent du doigt, lui souriant . L'homme ne semblait plus comprendre ce qu'il se passait, devait-il être rassuré ou s'inquiété ? A vrai dire il n'était même plus en état de penser .
Diva nettoya un peu le visage de celui-ci avec un tissus brodé qu'elle avait toujours sur elle pour ses repas . Il fermait les yeux , presque paisible à présent, au bord de l'évanouissement à vrai dire . Elle descendit sur son coup et rangea tranquillement l'étoffe avant d'enlacé l'homme, plongeant ses crocs avides dans son cou .

Tandis qu'elle prenait tranquillement son repas, l'homme rouge se mit à parler . Pour un colosse, il maniait les mots avec une certaine aisance , bien qu'elle n'écouta que d'une oreille . Il parlaitde sa présence ici, du danger, et d'un conflit ancien dont Diva avait vaguement entendu parler , mais elle ne s'était jamais sentie très concernée par les problèmes des gens de son espèce . Par aucune espèce d'ailleurs ...
Elle finit rapidement l'homme, dont un bonne partie du sang se trouvait déjà sur le sol pavé de la rue. Laissant tomber le corps a présent sans intérêt , la vampire s'approcha du bohémien .

- Je n'ai cure de la mort , ainsi que des conflits dont vous me parler, bel homme .

On peut dire que Diva économisait ses mots, contrairement à son interlocuteur . Elle n'avait jamais aimé beaucoup parler de toute façon, à vrai dire on ne lui avait jamais laissé beaucoup le choix .
Elle ressorti le tissus ensanglanté afin d'essuyer ce qu'il aurait pu rester de sang sur ses lèvres , souriant légèrement, les lèvres fermées, et le regard lointain .
L'homme mettait son cou en évidence, comme une invitation ... non un défi ...
ais Diva ne s'y trompait pas, il n'était pas prudent de s'y frotter , avec ou sans son armure .

- Seriez vous calice pour offrir aussi impertinemment vos veines ? Je ne le pense pas, et ne m'y risquerait pas . Mais si toutefois vous vouliez me faire gouter votre sang, soyez sûr que je ne le refuserai point .

Elle n'avait jamais bu un bohémien, mais leur sang était, parait-il, des meilleurs . Cependant il n'était guère prudent de s'attaquer à eux .

[ muh ]

Morgan tourne son regard vers elle et l’observe en biais. Un rictus de fauve se dessine au coin de son visage. Il serre brusquement les mâchoires, contractants ses muscles. Son cou si frêle quelques instants plus tôt révèle sa véritable nature, tendue et solide, peut être même capable de résister à quelque coup d'une dague rapide mais imprécise. Un corps entièrement fait pour la guerre dont le moindre centimètre d'épiderme est aussi dur à cuir que des phalanges habituées aux coups.

Le regard ardent du bohémien se fait plus intense, parcourant des yeux la jeune femme tel un prédateur dévorant d'avance sa proie. Son rictus disparaît et laisse place à un simple sourire non moins prévenant sur le danger d'une telle fréquentation. Mettant sa clope à la bouche Morgan dégante sa main droite puis enlève la protection de cuir couvrant son avant bras. D'une série de gestes précis il remonte la manche de sa chemise se coupant en partie la circulation du sang sur l’avant bras. Il tend son bras vers Diva, ses phalanges sont épaisses, recouvertes d'une fine couche de corne. En revanche ses doigts sont longs et fins bien que musclés. Il tourne sa paume vers le ciel, pour ainsi dire juste sous le nez de la jeune femme. Du fait de la circulation légèrement coupée les veines du poignet ressortent gonflées d'un sang dont elles n'arrivent à se débarrasser suffisamment vite. Le poignet garde la même teinte basanée cependant il est évident que la chaire y est tendre et sans résistance réelle.

"Mon poignet est moins dangereux que mon cou."

De son autre main il récupère sa clope et le rictus réapparaît alors que ses yeux scrutent la jeune femme qui est à présent à portée immédiate de son épée ou même d'une dague vivement maniée.

(comment il veut me tuer l'autre encore là !)

Les yeux de Diva se posèrent sur le poignet que Morgan tendait devant elle, le regard toujours inexpressif, puis elle les leva vers l'homme avec dedains.

C'était apétissant, et elle y aurait plongé les crocs aec bonheur, mais il était évident qu'il ne fallait pas s'y fier . Diva était folle, certes, mais tout de même .
Elle s'adressa a lui d'un ton neutre, quoique légèrement ironique :

- Je suis encore assez lucide pour ne pas m'attaquer à votre corps et m'exposer à des coups .

Elle réprima un sourire carnacier . Elle lui avait qu'elle ne le refuserait pas, cependant il était evident que boire à meme son corps était des plus imprudents. En revanche ...

- Je me voyais plus le boire tranquillement dans une coupe .

Elle laissa echapper des soupirs amusés, s'imaginant boire le sang du bohémien dans une coupe de cristal en papotant tranquillement avec celui-ci, comme dans l'un de ces diners pitoyables de la Sonnes Einheit auxquels Louis la trainait quelques fois.

Le bohémien éclate soudain de rire, un rire puissant et franc mais repoussant. La voix rauque de l'homme en fait une sorte d'exaltation bestiale et démoniaque qui file la chaire de poule. Il se redresse et balance négligemment sa clope, remettant en quelques secondes, chemise, cuir et gantelet en place.

"S'il y avait raison de se méfier ce serait déjà trop tard. Vous serriez morte et moi je n'aurais pas eu le loisir de rire."

Il est à présent en face de Diva et se tourne vers elle. Il fait un simple pas et se retrouve à quelques millimètres de la jeune femme, les yeux baissés sur elle.

"Vous avez du mal à bouger peut être ? Ca doit venir de ça..."

Il lève à la hauteur du visage de la vampire une petite cartouche en verre vide au bouchon décelé.

"C'est un poison assez délicat. Il commence par vous paralyser les membres puis provoque assez rapidement une crise cardiaque. Ainsi on croit que vous êtes décédé d'une mort naturelle. Je l'ai découvert grâce à un adversaire qui empoisonna mon maître avec. Malheureusement il était loin de se douter que les vampires n'étaient pas très sensibles à ce poison. Il vous paralyse au bout d'un quart d'heure et se contente ensuite de vous donner des nausées. Le chimiste qui me prépara cette fiole a supposé que c'était dû à l'assimilation que vous faites de ce poison. C'est la première fois que j'utilise du poison, et sûrement la dernière d'ailleurs. Pour votre gouverne je l'ai vidé sur le cou de votre amicale victime. Vous les dents longues avez la fâcheuse manie de mordre toujours au même endroit. J'en sais quelque chose j'ai faillis en mourir une fois."

Il jette la fiole par-dessus son épaule et fait un sourire particulièrement carnassier à la jeune femme.

"On dirait que vous avez la nausée..."

Il lève légèrement le visage de Diva d'un doigt délicat et dépose un baiser sur les lèvres de la jeune femme.

"De la tête aux pieds... Etonnant ce qu'un poison peu provoquer sur le réseau de nerfs qui parcourt le corps humain. Bonne nuit."

D'un geste brusque il frappe Diva au coin de la nuque, le coup est violent et d'une force non retenue. Cependant, le second choc des pavés ne vient pas...

Le corps d'une femme en travers de l'épaule droite, l'assassin prend le chemin de sa demeure.

[La suite ici. Au fait, on ta jamais appris à ne pas faire confiance aux inconnus trop généreux ?]