Le Doyen venait de toussoter...

La créature avait l'air particulièrement songueuse et très vide... Les attitudes, les gestes et les paroles du vampire étaient perçus comme au travers d'un voile et le temps semblait plus lent, plus épais, comme tout le reste par ailleurs. Se sentant depuis tout à l'heure nauséeux, il porta une main hagarde à son front tandis que d'une main, Elie désigna la porte. Du coin de l'oeil, il la regarda la trouvant étrangement trop éloignée par rapport à tout à l'heure. Le visage de l'hybride avait quelque chose maintenant de concentré et de ses lèvres s'échappèrent un soupir sourd qui trahissait plusieurs sentiments selon qu'il s'agissait de Moroh ou de De Jager. Les deux étaient en équivalence à ce moment donné, c'était très rare et très dangereux... Surtout pour lui, pour eux... Et comment cela se traduisait? Par un phénomène très particulier qui faisait passer la bête pour une illusion grossière, sa voix en effet eut une sonorité étrange alors qu'il parla avec une pointe de lassitude, Une sorte d'écho persistant sous la forme d'un murmure métalique accrochait à chacun des mots... Mauvais songe d'un esprit double coincé dans un corps unique.

"Ahhh... Je ne suis pas vraiment étonné de cette réponse et je m'y attendais sans grandes illusions. Je ne suis pas apprécié dans ma nature, trop différente, trop singulière, trop contre nature justement... Les Lunatistes ont une vision différente du monde où j'ai une place, c'est aussi simple que cela. Où est le mal alors?"

Une respiration, un souffle, une seconde ou l'infinie, cette situation ne convenait pas. Il avait très mal mais à l'intérieur... La dualité parfaite le rendait sensible à une multitude de choses qui n'allait jamais car le corps n'arrivait pas à appréhender de façon correcte le monde. Tel qu'il était maintenant Elie apparaissait comme une entité menaçante, il pouvait très bien faire lui faire du mal, profiter de sa faiblesse. L'accord entre les deux pensées commençait à s'amenuir.



"Ksssh... Vous auriez préférez tomber sur quelqu'un de lisse? C'est raté c'est certain"

Il souria d'une façon charmante creusant de délicieuses fossettes sur son minois et ajouta; "Et pourquoi m'avoir choisit... J'aurais bien joué encore un peu mais pas en étant regardé comme vous le faite maintenant."

Elie Moon regarda Moroh avec attention. Il avait un problème, cet OGC. Lequel très exactement, Elie ne pouvait pas le dire, il n’était pas psychiatre. Cela ressemblait à une sorte de schizophrénie, il changeait assez brusquement d’attitude. Mais bon, Elie ne se sentait pas très concerné par ça. Selon lui, ça ne le regardait pas vraiment. L’OGC semblait être dans une sorte d’état second. Elie ignorait ce qu’il pouvait bien ressentir en ce moment, et très franchement, pour lle moment, il s’en fichait pas mal.

Le vampire s’appuya contre la fenêtre et croisa les bras sur sa poitrine. Il écouta ce que Moroh avait à répondre à sa provocation. Et bien il n’y répondit tout simplement pas. Il détourna tout simplement le sujet. Sciemment ou non, il tentait une autre approche pour le convaincre de s’allier aux Lunatistes. Il essayait de le faire culpabiliser. Peine perdue !
Non, Elie ne verrait jamais les Lunatistes comme des pauvres gens juste « différents ». Pour lui, les Lunatistes avaient toujours été une bande d’humains misérables et simplets (dont on pouvait éventuellement avoir pitié lorsqu’on ne les voyait pas exécuter un sacrifice) dirigée par des vampires sadiques et opportunistes (dont Elie n’arrivait décidément pas à avoir pitié).
Ce qui n’était pas faux, c’était que des gens simplement différents et rejetés de la société rejoignaient parfois les Lunatistes. Mais ceux-là finissaient par partir ou par devenir fanatiques comme les autres, à moins qu’ils ne prennent la tête d’un groupe de Lunatistes afin de tirer profit d’eux. Dans tous les cas, Elie Moon ne voyait pas l’intérêt d’aider les Lunatistes.

A la dernière phrase de l’OGC, Elie répondit à son sourire, rivalisant de charme. Il plissa ses yeux dont les iris dorés étincelèrent.

« Ah oui ? Et comment est-ce que je vous regarde, exactement ? »

[le retour, le message pour terminer ce sujet]

Le sourire s'était effacé et désormais la créature arborait un visage des plus absent. Les paupières de l'Ogc étaient pesantes, comme le reste de son corps, le stress de la sittuation se répercutait perceptiblement sur son organisme. Il soupira en fermant ses yeux blanchâtres. De Jager relachait la pression, Moroh quand à lui prennait le relais, d'un commun accord, les deux esprits habitant cet être avaient conscience que le monde physique et l'enveloppe charnelle qui les y maintenait étaient fragiles, il fallait donc faire des concessions, ce que fit la part la plus instable de l'hybride. Rouvrant les yeux sur le vampire, Moroh sentit qu'un peu de sang avait couler de son nez... Il porta son index et son majeur vers le fluide et concentra son regard sur le liquide carmin avec presque de la tristesse, c'était limite, encore un peu de ce jeu là et il perdrait tout bonnement conscience.

Quoiqu'il en soit, il était dangereux de rester plus longtemps en cet endroit et en cet compagnie. Elie avait beau avoir des air de jeune garçon en fleur, Moroh était pret à parier qu'il n'hésiterait pas à le donner en pature à un de ses subalternes en manque de sang frais et cela jusqu'à le tuer bien sur, sinon ce ne serait pas intéressant. Il fallait fuir... Pas par la porte, le gorille attendait surment derrière, et puis il fallait considérer l'épaisseur de la dite porte. Il avait bien sur son pouvoir de passe muraille, surtout que la nuit était bien établi, mais l'hybride ne tenait pas particulièrement à dévoiler son petit secret au chef d'un autre clan.
Il jetta un bref coup d'oeil à Elie... Décidement, la morgue était son apanache, bah... Lui même était un peu pareil quand il ne se comportait pas comme un animal sauvage. Il eut une dernière grimace, mi sourire, mi-rictus et s'élança comme un diable vers la fenêtre. Le verre ne résista pas et Moroh traversa en faisant imploser ce dernier en morceaux qui ne manquèrent pas de le couper de ci de là...
Heureuse créature, ses gènes animales lui permirent de retomber plusieurs mètres plus bas sur ses pattes et sans bruits dans l'herbe fraiche d'humidité nocturne du parc. Pas un ragard en arrière, un animal n'a pas ce genre de comportement, Moroh fila tout bonnement droit devant lui, courant avec une grace féline vers l'ombre jusqu'à disparaitre dans l'obscurité... Plus tard lors de cette même nuit certains dirent qu'une sorte de hurlement sauvage eut retentit dans cette partie de la ville.

Cette fois, ça y était : l'O.G.C. avait commis l'irréparable, il avait mis Elie en danger. Sans plus réfléchir, et sans aucune considération pour sa propre sécurité, Gaëtan s'élança dans la chambre. Bien entendu, le miroir sans tain était toujours là, et ce fut tout naturellement que l'androïde le traversa en le faisant voler en mille morceaux. En un instant, il balaya la pièce du regard. Elie n'avait pas l'air blessé, et cela rassura Gaëtan. Il allait pouvoir partir aux trousses de l'OG.C. tranquillement. Il s'engouffra dans la fenêtre et fit un bond de géant jusqu'au sol. Il courut de toutes ses forces - et elles n'étaient pas des moindres - mais, très vite, il se trouva à un carrefour, sans savoir une seconde si Moroh était parti d'un côté ou de l'autre.

Déçu, il rentra à la maison d'un pas vif, car Elie aurait certainement besoin de lui, comme toujours. C'est seulement après avoir franchi la porte d'entrée qu'il remarqua que sa cheville gauche émettait un sifflement et que de petites étincelles s'en échappaient.

*Oh non... Monsieur ne va pas être content...*

Il se rendit dans la chambre où il avait laissé Elie à peine trois minutes plus tôt. Il était toujours là. Gaëtan entra, la tête basse, conscient qu'il allait passer un mauvais quart d'heure pour avoir abîmé son corps, et d'autant plus déçu d'avoir laissé l'O.G.C. s'échapper.