La soirée n'est pas finie !

Fine compagnie ce soir pour Cérès... Elle était accoudée à une table d’un bar avec un homme admirant depuis un bon quart d’heure son verre. Oh ! Un bar chic, s'il vous plaît, où ne traînaient que des hommes richement friqués qui venait saouler leurs conquêtes pour les mettre ensuite dans leurs lits sans que Madame ne soit au courant de quoi que ce soit. Ce bar se présentait simplement : quelques serveurs qui allaient et venaient avec les commandes sous les lueurs rougeâtres des lampes, plusieurs tables d'un bois précieux entourées de grands canapés de cuir rouge qui n'offrait qu'une sortie, assurant ainsi une ambiance très intime entre les personnes d'une même table..

Mais, ce soir, ça se passait mal pour Monsieur De Conseville. Tout avait pourtant si bien commencé ! Cérès avait reçut dans la journée son invitation pour cette charmante soirée mondaine, chose qu'elle appréciait, et donc, elle avait accepté son invitation sans rien dire. Elle s'était donc habillée avec élégance d'une robe légère et longue, au décolleté dorsal impressionnant et au tissu légèrement transparent à certain endroit fortement affriolant. Son rendez vous était arrivé à l'heure et l'avait emmené dans ce bar. Cérès n'avait même pas bronché devant ce changement radical de programme de soirée. Après tous, c'était agréable également de boire un bon verre.

Bien sûr, elle préférait que ce soit avec des amis, mais bon, il fallait aussi entretenir les relations, et après tout, ce trentenaire d’aujourd’hui même avait payé cher pour avoir sa compagnie. Et les relations, ça s'entretient. Donc, elle était venue ici avec ce charmant sourire aux lèvres. Seulement, ce que Monsieur De Conseville n'avait pas prévu, c'est qu'il serait raide avant elle.

Cérès regardait l'homme assit à coté un instant. Elle en avait marre de jouer à la potiche ce soir, elle voulait faire quelque chose. Son verre était vide et lui ne proposait rien. Non, il était accoudé, son bras cachant totalement son regard et ne bougeait pas depuis ce que la jeune femme attribuait comme une éternité.

Cérès était convaincue que l'ennui pouvait détruire un homme. Ou une femme. Pas physiquement, mais mentalement. Et ce soir, elle était convaincue d'avoir au moins perdue un bon tiers de son esprit tant l’ennui était grand. Bon, il fallait faire quelque chose.

" Mon ami ?"

L'homme ne réagissait pas. Cela attristait Cérès. Elle lui toucha délicatement l'épaule.

" Mon Ami ? Cette soirée est bien sûre... Charmante, mais, voyez-vous..."

Tandis qu'elle remuait l'épaule de son compagnon, celui ci tomba sur le coté, s'allongeant sur la table en renversant son verre. Cérès porta une main devant la bouche de l'homme, le remuant de l'autre pour avoir un signe de vie dans ce corps.

" Mon ami ! S'il vous plaît ! Vous vous sentez mal ? S'inquiétait-elle.
- Huuummm... S'il te plaît maman, encore 5 minutes."

Cérès se stoppa net et regarda de haut l'homme qui trempait dans son whisky.

" Maman ? Ceci est vraiment... Charmant !"

Concluait-elle énervée. Elle se retourna, une mine boudeuse et sortie sa tête du cocon de cuir rouge. Elle regardait si, autour d'elle, il pouvait y avoir une personne qui pourrait lui tenir compagnie. Juste un soir, rien qu'un soir... Elle s'était suffisamment ennuyée comme ça. Son regard balayait ainsi l'assemblé présente, Beaucoup de couples... Peu de solitaires. Mais Cérès n'abandonnait pas, elle savait que des solitaires qui venaient tromper leurs ennuis en buvant, ça existait. Et elle n'en remordrait pas, foi de Cérès, ce soir, elle aurait sa compagnie.

Beaucoup d'évenements différents font bouger le monde, mais cette fois-ci, ce fut simplement le hasard qui mena Meinster dans ce bar, accompagné de Miria, habilement cachée dans la montre en argent de Meinster.
Ce dernier jeta un oeil dans le bar et demanda à un serveur s'il y avait un hotel près d'ici. Ce dernier lui expliqua clairement qu'ils étaient débordés et qu'il ferait mieux de s'asseoir au bar en attendant qu'il ait le temps de lui expliquer. Mais un simple coup d'oeil dans la salle et on pouvait comprendre que la foule ne se pressait pas énormement dans ce bar.
Malgré ça, Meinster s'installa sur une chaise, à côté d'un homme saoul tenant son verre à deux mains comme s'il ne voulait pas arêter de le fixer de toute la nuit et d'une jeune femme et commanda un verre, en attendant de pouvoir être renseigné.
Mais après avoir regardé que personne ne l'observant, Meinster sortit sa montre de sa poche et un halo lumineux sortit l'ébloui tellement qu'il dût la ranger vite.

-"Mais quand est-ce que je pourrais avoir ce renseignement ?

[ Désolée pour le retard ! j'avais pas fait attention... Par contre, je te demanderais de me pardonner, il est tard, je suis fatiguée et donc plus très attentive pour l'orthographe entre autre...

Et encore pardon pour le retard ! ]

Cérès désespérait. La soirée passait, et personne ne semblait, à première vue, capable de lui faire passer une bonne fin de soirée. De temps en temps, elle jetait un rapide coup d’œil à son compagnon de ce soir, mais ce n’était que pour le voir roupiller. Mieux ! Pour le voir laisser un léger filet de bave sur la table. Elle eut une mine déconfite, haussa les sourcils et regarda vers le haut avant de se relancer à un « plouf plouf plouf, ce soir, ce sera toi ! » Mais elle n’avait jamais été d’une nature très chanceuse.

Après être tombée sur six couples dont un qui se députait, un autre qui se livrait à des actes que certaines bonnes mœurs auraient voulu privés, et un autre qui se saoulait juste, chaque conjoints tentant d’oublier par l’alcool que cette personne, à coté d'eux, était l'épouse, l'époux, Cérès se surprise en train d’imaginer quelles était leurs histoires à chacun. Si ces deux là se disputait, c’est parce que Monsieur n’avait pas été très fidèle. Et pour ces deux là... En fait, Madame avait une histoire troublante qui avait attiré monsieur, car l’histoire était follement excitante et amusante. Quant à ces deux ci... Mariage arrangé, sans aucun doute.

Un sourire se forma sur son visage quand elle repensait à son ex-futur mari à elle. Elle pensait juste, qu’elle l’avait échappé bel en fait. Elle se laissa doucement glisser le long de son siège, cédant à un doux souvenir de sa vie d’avant ou elle n’avait eu qu’à apprendre à faire la poupée. Ses yeux plongés dans le vague, revoyait quelques images, sa liberté entre autre. Cérès n’avait jamais eu l’impression d’avoir un jour fait une bêtise de fuire. Même si finalement, la vie n’était pas toujours rose ici. C’était toujours mieux que là-bas.

Ce fut la porte qui claqua qui ramena la jeune femme à la réalité. Elle se releva un peu, passa la tête hors de son cocon, et observa quelque instant ce nouvel acteur dans cette scène ci. Le pauvre bonhomme demandait une chambre, un hôtel où passer la nuit. Cérès se ré-assit sur son siège, méditant quelques instants. Y aller ? Ou ne pas y aller ? Ce fut un dernier coup d’œil à son compagnon de ce soir qui la décida. Voilà que sa bave formait des bulles à présent. Elle se leva d’un coup, et s’approcha du jeune homme au bar, d’un pas lent et silencieux, mais distingué.

Arrivée à ses cotés, elle se figea et dit calmement, une fois que le serveur était loin :

« Il vous faudra montrer d’autres atouts que la politesse si vous souhaitez soutirer une réponse. »

Elle avait une bonne ouïe, elle n’y pouvait rien !

« Mais, peut-être puis-je vous renseigner, Monsieur ? »

Cérès lui adressa un joli sourire qui la mettait certainement en valeur. La poitrine relevée par quelque corsé habillement séré, une taille fine que soulignait délicatement sa robe de velours bleu, un simple châle autour de ces épaules et les cheveux attachés en arrière qui descendaient sur son dos, elle était en valeur ce soir. Elle pencha la tête sur le coté, son sourire redoublant.

Elle ne savait pas si faire la connaissance de cet homme pourrait lui apporter quoi que ce soit au niveau de ces relations sociales ou bien si ce jeune homme était digne de confiance ou même s’il fut capable de lui faire passer une bonne fin de soirée, mais sur le moment, rien n’était important : Elle se sentait mourir d’ennuis sur son fauteuil, pratiquement seule. Et tout sauf s’ennuyer, ça donne des rides.

Plantée là, elle attendait que le jeune homme lui propose de s’assoire ou du moins qu’il se présente. Elle avait déjà fait l’effort de se présenter devant lui, à lui de lui répondre s’il voulait d’elle ou pas.

Ce serait alors ensuite que le jeu commencerait.

Oui, son jeu favori.

Enfin, encore fallait-il savoir si l’envies lui en dirait ce soir. Elle attendait de voir quelle serait la réaction du jeune homme pour pouvoir juger et décider de la marche à suivre ensuite.

[Ce n'est pas grave ^^]

Les gens passaient et défilaient dans le bar, ne restant des fois qu'un instant avant de ne repartir par la porte ou au contraire, s'endormant presque sur le comptoir, comme Meinster.
Ce dernier attendait depuis presque un quart d'heure quand une voix douce s'adressa à lui.
Il releva alors doucement la tête et secoua la tête pour etrouver ses esprits. Quand sa vision se fut un peu stabilisée, il remarqua une jeune femme lui souriant en attendant une réponse.
Alors Meinster se leva difficilement de son siège et répondit en souriant à son tour.

-"Merci de votre offre, mais je vais devoir refuser. Je ne suis pas assez réveillé ni d'humeur pour tenir compagnie à quelqu'un."

C'était la première fois que Miria se retrouvait dans bar, un tel lieu lui était totalement inconnu malgré ses siècles de non vie, en effet la petite spectre restait toujours proche de ses 14ans d'existence mortel. Ainsi un bar restait un endroit pour adulte et il aurait été inconvenant qu'une jeune fille s'y trouve, bien que les règles ne doivent pas s'appliquer aux esprits. De toute façon elle était accompagnée ce qui rendait la chose passable, sans compter qu'on ne risquait pas de lui prêter grande attention tant qu'elle posséderait la montre de Meinster. D'ailleurs il devait s'impatienter ou vouloir connaître l'heure vu qu'il prit sa montre saisissant par la même occasion Miria qui y était liée, et rappelant sa présence d'un halo lumineux quelque peu trop visible elles retrouvèrent toutes deux leur poche attitrée.
Miria était très bien placée pour voir le temps passer mais c'est Meinster qui en souffrait le plus assurément, cependant une jeune femme vint à sa rencontre. Elle était vraiment belle et mise en valeurs par une somptueuse robe à en faire pâlir de jalousie plus d'une, bien que plutôt pâle vu sa condition la petite spectre n'était pas vraiment jalouse. Après tout elle aurait pu lui ressembler si elle n'était pas passer de l'autre coté du miroir en étant au stratus intermédiaire de jolie et mignonne situé entre l'enfance et l'âge adulte. La jeune femme entamait la conversation mais Meinster n'avait pas l'air très emballer pourtant certains l'aurait envié c'est sur, de son coté Miria aurait bien voulu faire de nouvelles connaissances et puis tout ces verres de cristal lui donnait envie de jouer.

"Hé! Moi je suis en pleine forme pour discuter et je manque pas d'atout!"

Premier atout l'effet de surprise et la "magie", Meinster devait être un ventriloque de génie pour réussir pareil tour surtout avec une telle voix. La voix est sans conteste le deuxième atout, elle était douce, clair et tellement pure qu'elle semblait mystique au point de faire oublier ou bel et bien surpasser un instant le brouhaha environnent.
Bien entendu Miria se garda bien de sortir de sa cachette et peut être valait-il mieux ainsi, elle en avait déjà assez fait pour rendre la situation un rien plus pimentée.

Après avoir passé une si mauvaise soirée, avoir été traité de... "maman " (Synonyme d'insulte pour la jeune femme : Mère, à son jeune âge ?) et après avoir proposé ces services à quelqu'un sans, pour une fois, avoir une seule arrière pensée et alors que beaucoup d'homme aurait bien aimé se voir un jour proposer cela, il n'était pas du tout du goût de Cérès de se faire rejeter comme ça. Si en apparence elle semblait être courtoise et calme, intérieurement c'était autre chose... Pour elle même, elle lâcha un :

* Soirée de merde !*

Parfaitement et mûrement réfléchi. Finalement, elle soupira de mécontentement, regarda sur le coté et fronça les sourcils. Elle se relâcha, se tenant moins droite, posa une mains sur sa hanche et d'un air fortement contrarié, elle s'empressa de répondre d'une voix froide et sèche :

" Qui vous a demandé de tenir compagnie à qui que ce soit ? Il me semble vous avoir simplement proposé de vous aider..."

Dans sa lancée, elle allait décocher un "imbécile" ou tout autre mots pouvant faire office d'insulte qui pourrait lui passer par la tête, quand une voix, venue semblait-il de nul part, l'empêcha de finir. Surprise, elle chercha du regard qui avait bien pu parler, mais les quelques personnes qui l'observaient jusqu'à maintenant s'étaient vite retournés quand leurs regards avait croisé celui de la jeune femme. Puis finalement, le regard de Cérès retourna sur Meinster.

Car de toutes évidence, la voix venait de Meinster, et de personne d'autre. Ses oreilles ne la tromperaient quand même pas autant. Surprise, les sourcils cette fois froncés d'étonnement, elle demanda :

" Est-ce vous qui venez de parler ?"

Très fort, vraiment très fort. Non seulement, elle n'avait pas vu les lèvres du jeune homme bouger, mais en plus, elle ne l'aurait jamais crut capable d'imiter si bien une si jolie voix féminine. Car elle était très jolie comme voix, à ne pas en douter. Cérès croisa ses bras sur sa poitrine et détailla un peu l'homme qui lui faisait face. Elle plissait les yeux, penchait la bouche sur le coté et continuait de réfléchir. Étonnamment, même cette mine ne la dévalorisait pas. Elle gagnait juste un coté mignon, tout au plus.

Cérès continuait de réfléchir, debout. Elle avait bien vu des hommes faire parler des choses comme des poupées, des mannequins et d'autre objets inanimés lors des réceptions qu'elle avait si souvent fréquenté... Mais réussir un tel tours sans rien bouger, et en changeant si admirablement bien sa voix, non, ça, jamais.

La jeune femme commençait à avoir mal au pied à force d'être debout. Jolies chaussures, absolument pas confortable. Et ce dadais qui ne lui proposait même pas de s'asseoir ! Ce mal de pied n'était pas fait pour améliorer l'humeur de Cérès. Si le fait qu'il ne lui propose pas de s'asseoir. Si le fait qu'il lui ai demandé de partir sans plus de tact que ça. Ni le fait qu'il tente de la faire tourner en ridicule comme cela.

Elle finit par décroiser les bras, les mettre sur les hanches en faisait un fort gracieux déhanché qui amena quelques regards sur elle, ou peut-être sur son gracieux popotin que cette robe mettait bien en valeur, et finit par dire d'une voix sèche :

" Alors, qu'en est-il ? Vous êtes en forme ? Ou pas ?"

C'est vrai ! Si vraiment c'était lui, il faudrait savoir quand même ! Il l'envoyait voir ailleurs ( Chose toujours pas digérée et qui aurait du mal à l'être) puis il lui "disait", en quelque sorte, de rester. Qu'on se moque d'elle ainsi ne plaisait absolument pas à Cérès, ainsi abordait-elle une petit mine fâché et contrariée.

" Vite, je m'en vais retourner à ma place !"

Et bien oui ! Ces pieds commençaient vraiment à lui faire mal...